Citadinités subalternes en Afrique

Résumé
Et si la vie urbaine en Afrique ne se réduisait pas au dysfonctionnement, à l’inadaptation, voire au chaos ? Ou plus exactement, est ce qu’il n’existerait pas sous les désordres apparents d’autres logiques citadines plus subtiles, fluides et moins aisément perceptibles, participant à la réinvention permanente de la cité et des frontières qui la jalonnent ? Ces autres récits de et dans la ville sont au coeur de cet ouvrage, qui les aborde dans leur dimension aussi bien anthropologique, géographique, qu’historique. C’est à travers des histoires de corps, d’imaginaires mis en actes, d’espoirs d’autres lendemains, de difficultés et de souffrances également, qu’une autre ville se donne à voir, moins immédiatement saisissable et néanmoins indubitablement vivace.

Ainsi, les expériences citadines subalternes étudiées ici ne renvoient pas à une vision statique de situations de relégation, mais plutôt à des formes complexes d’initiatives qui émergent dans les marges ou les interstices urbains. En postulant que la ville est un haut-lieu d’acquisition de ressources, de saisissement d’occasions, de productions imaginaires, mais aussi de contestations plus ou moins directes ou détournées, l’objectif est de penser simultanément des situations de domination et des manières de composer avec elles, au quotidien. L’étude de cette tension constitutive des expériences citadines, envisagée dans différentes métropoles du continent, de la colonisation à nos jours, permet de comprendre les trajectoires de celles et ceux qui négocient leur insertion au sein de sociétés urbaines qui pourtant les marginalisent.

Qu’il s’agisse de femmes de bidonvilles, de jeunes habités par le rêve d’un départ au Nord, de groupes politiquement et historiquement minorés, d’anciens détenus ou d’artistes qui tentent de sublimer les frontières sociales comme géographiques, toutes ces expériences de la ville témoignent d’un jeu complexe d’assujettissement et d’émancipation, dont le territoire citadin est à la fois le cadre, l’arène et la condition de possibilité.

AUTEURS
Thomas Fouquet est chargé de recherche en anthropologie au CNRS, membre de l’Institut des Mondes Africains (IMAf). Il est l’auteur de Transition humanitaire au Sénégal (Karthala, 2016) et Transition humanitaire en Côte d’Ivoire (Karthala, 2016).

Odile Goerg est professeure d’Histoire de l’Afrique contemporaine à l’Université Paris Diderot et membre du CESSMA. Elle a édité divers ouvrages dont entres autres, Les indépendances en Afrique. L’événement et ses mémoires (PUR, 2013), Islam et sociétés en Afrique subsaharienne à l’épreuve de l’histoire. Un parcours en compagnie de Jean-Louis Triaud (Karthala, 2012).

Ont également contribué à cet ouvrage : Florence Boyer, Armelle Choplin, Riccardo Ciavolella, Catherine Fournet-Guérin, Habiba Essahel, Dominique Malaquais, Marie Morelle, Didier Nativel et Francesco Vacchiano.