Appel à Communication
Colloque international - Comment identifions-nous, décrivons-nous et nommons-nous les rapports de domination ?

IRD/CESSMA (UMR 245) / LMI SAGEMM/ LMI MACOTER
Université Paris Diderot, Paris

Comment identifions-nous, décrivons-nous et nommons-nous les rapports de domination ?

28 et 29 novembre 2016

Quels que soient les champs relationnels et les pratiques qui constituent leur objet, les chercheurs sont amenés à prendre en compte les rapports de domination qui contribuent à modeler les configurations sociales observées. Ils doivent alors sélectionner les relations d’interdépendances, les institutions, les conflits qui leur permettront d’appréhender les formes singulières sous lesquelles ces rapports se manifestent ainsi que les stratégies sociales auxquelles ils donnent lieu. Comment identifions-nous les objets que nous privilégions à ce stade, et comment nommons-nous les relations observées ?

Intériorisation/négociation ; consentement/résistance ; légitimation/coercition ; contraintes/ autonomie ; subordination/émancipation ; aliénation/prise de conscience, agency… : les catégories dont nous disposons pour nommer et décrire les rapports de domination (et plus généralement les rapports de pouvoir) appartiennent au vocabulaire commun de nos sociétés d’appartenance. C’est le cas de la plupart des notions que nous utilisons dans des disciplines relevant des sciences sociales. Ce problème a déjà fait l’objet de larges débats. Cependant, le vocabulaire sociologique du pouvoir et de la domination présente des caractéristiques particulières, qu’il partage avec quelques autres répertoires, celui du religieux par exemple. Il se distingue par son « foisonnement sémantique ». Chacun des « mots-clé » qui le composent condense une multiplicité d’expériences et de débats sociaux ainsi que de constructions théoriques. L’usage de ces « formules » conduit les chercheurs à réactualiser dans un nouveau contexte les conflits qui ont traversé les champs politique et théorique.

1 - Le privilège accordé à un registre de vocabulaire assigne ainsi au chercheur un point de vue particulier sur les rapports sociaux – point de vue explicité ou non, selon les cas. L’un des thèmes de réflexion proposés dans le cadre de cet appel à contributions concerne la genèse de ces « outils du regard », leurs trajets, leurs usages contemporains.

2 - Selon une perspective plus empirique, cette journée d’étude devrait nous permettre de confronter nos propres usages des catégories d’observation et d’analyse. Comment évaluons-nous leur apport sur le terrain et lors de l’analyse des matériaux recueillis ? Quels sont les problèmes liés au choix de certaines notions ? Les contributions attendues présenteront un travail de terrain et proposeront au débat les questionnements qu’ils suscitent.

Les entrées possibles sont nombreuses, nous n’en mentionnons ici que quelques-unes :

  • Les notions que nous privilégions peuvent impliquer une échelle d’observation particulière. Analyse des stratégies d’autonomie développées localement dans le cadre des contraintes économiques et politiques qui caractérisent une configuration sociale particulière ; analyse macro sociale des conditions d’exercice de la domination et des contraintes qu’elles imposent aux pratiques et aux représentations des populations dominées … Les paysages sociaux qui se dessinent alors sont bien différents. Comment parvenons-nous à articuler ces deux perspectives ?

  • Les multiples situations que nous pouvons observer sur notre terrain semblent relever tantôt de constructions pratiques et symboliques autonomes, tantôt d’une intériorisation des rapports de domination (thématique du « consentement à la domination »). Comment rendre compte de ces apparentes contradictions ?

  • Nous sommes amenés à recueillir sur le terrain le vocabulaire local concernant les rapports de domination, à appréhender les valeurs et les normes qui légitiment les pratiques observables. Quel statut leur accordons-nous, comment les intégrons nous à l’analyse ?

    Historiens, sociologues, anthropologues et économistes sont invités à confronter leurs expériences de recherche, leurs questionnements et les perspectives qu’ils préconisent.


    Calendrier :
    Les propositions (résumés) seront envoyées pour fin juin à :

    pascale.absi@ird.fr ;
    francoise.bourdarias@univ-tours.fr ;
    isabelle.guerin@ird.fr
PDF - 148.7 kio
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