Appel à communications - CODOFE 2016
Les catégories d’analyse à l’épreuve du terrain

L’objectif de ce colloque est d’interroger les usages et la production de catégories d’analyse par les jeunes chercheur.e.s en sciences sociales qui effectuent des enquêtes de terrain dans diverses régions du monde.

La notion de « Sud(s) » tout comme la notion d’ « aires culturelles » ont offert la possibilité d’un dialogue transdisciplinaire et ont accompagné le développement de nouvelles théories scientifiques. Ces notions ont aussi joué un rôle décisif dans l’organisation des institutions académiques et dans la mobilité des chercheur.e.s. Cependant, à l’instar de toute catégorisation, elles sont également le fruit de partis pris historiques et épistémologiques. Ainsi, bien que l’opposition des termes « Nord » et « Sud » renvoie à des points cardinaux physiquement neutres, ces derniers ont remplacé des
dichotomies antérieures telles qu’Occident/Orient, Occident/Tiers-Monde, pays développés/en voie de développement, pays colonisateurs/colonisés et peuvent comporter un risque d’ethnocentrisme. Des interrogations similaires apparaissent dans le cas des études par « aires culturelles » (Asian studies, Latin American studies, etc). En effet, en établissant une stricte correspondance entre territoires et cultures dans un monde globalisé, la notion « aire culturelle » tend à limiter l’analyse des circulations et des hybridations sociales.

Un tel découpage du paysage de la recherche correspond-il encore à des réalités contemporaines sur nos terrains d’investigation ? Est-il pertinent alors que le système académique mondialisé induit une représentation importante de jeunes chercheur.e.s issu.e.s de pays dits du « Sud » au sein de laboratoires scientifiques (notamment ceux de la F3S) ? Ces catégories d’analyse sont-elles opératoires alors que les chercheur.e.s étudient des phénomènes sociaux observés aussi bien au « Nord » qu’au « Sud », avec l’apparition de nouveaux concepts enrichissant de manière transversale
les recherches en sciences sociales ? Par ailleurs, est-il possible de se départir des notions définissant des aires culturelles et géographiques pour étudier l’Homme dans sa globalité et sa pluralité ?

LES 17 ET 18 NOVEMBRE 2016 A PARIS
Appel à communications

Le processus scientifique, dans ses essais de remise en cause des normes et des savoirs existants, construit, déconstruit et reconstruit de nouvelles catégories [1]. Il invite aussi à une réflexion linguistique sur le sens des mots et leur valeur sociale [2, 3]. Le poids des traditions scientifiques et
institutionnelles, ainsi que les difficultés inhérentes à l’enquête de terrain conduisent souvent les jeunes chercheur.e.s à adopter une démarche de « bricolage » [4]. Le nombre croissant de chercheur.e.s issus des pays dits du « Sud » entraîne également le renouveau des problématiques : leurs regards décalés sur les mêmes terrains d’enquête obligent à repenser les catégories d’analyse produites au « Nord ».

Les jeunes chercheur.e.s souhaitant participer à ce colloque sont invité.e.s à mener un retour réflexif sur leurs pratiques de recherche et méthodes d’enquête, en expliquant la façon dont il.le.s s’approprient des catégories d’analyse existantes, les interprètent ou s’en s’inspirent (par exemple en
ayant recours à l’interdisciplinarité, au comparatisme, aux « studies » – global studies, urban studies… – ou à des concepts tels que intersectionnalité, transnationalisme, circulations…), voire en proposent de
nouvelles.

1. Comment l’usage de certaines catégories d’analyse a-t-il participé à la conception de votre projet de recherche ?
2. Dans quelle mesure leur usage a-t-il conditionné la préparation de votre terrain, la sélection de vos outils et méthodologies d’enquête ?
3. Comment les catégories d’analyse envisagées ont-elles été remises en cause par votre confrontation avec le terrain ?
4. A quel point les données de terrain peuvent-elles parfois subir une « torsion » pour correspondre à des catégories d’analyse et de théorisation ?

Si toutes les thématiques sont les bienvenues, nous porterons toutefois une attention particulière aux travaux qui décriront finement des processus de déconstruction et qui mettront en perspective les difficultés concrètes – scientifiques, professionnelles, politiques, sémantiques, personnelles –
qu’elles peuvent induire pour les jeunes chercheur.e.s lorsqu’il.le.s interrogent les limites des catégories d’analyse qu’il.le.s convoquent.


Détails pratiques
Cette rencontre, organisée par les doctorant.e.s de la F3S, se veut aussi un lieu d’échanges entre jeunes chercheur.e.s (doctorant.e.s, postdoctorant.e.s, jeunes docteur.e.s) de toutes disciplines souhaitant mettre en commun leurs expériences. Le colloque sera clôturé par un cocktail.
Les propositions sont à envoyer aux coordinateurs du colloque à l’adresse
codofe2016@gmail.com et dans la limite de 3000 signes (espaces compris – hors bibliographie) ou 500 mots, présentant l’objet empirique, la discipline, les méthodes utilisées et le cadre théorique de la communication. Une fois retenu.e.s, les participant.e.s devront envoyer une communication de 4000 à 8000 mots.

L’organisation du colloque se déroulera selon le calendrier suivant :
• 15 juillet 2016 : dernier délai pour l’envoi des propositions
• 15 septembre 2016 : communication de l’acceptation des propositions
• 30 octobre 2016 : envoi des communications écrites
• 17-18 novembre 2016 : organisation du colloque à Paris

Les propositions devront indiquer :
• Les noms et prénoms de l’auteur.e
• Le statut (doctorant.e, docteur.e, post-doctorant.e, etc.)
• L’institution de rattachement
• Le titre de la communication

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Appel à communications Version Français
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Call for communications English Version