GUERASSIMOFF Eric

Professeur d’histoire de la Chine contemporaine (XIXe-XXe siècles)
UPD UFR LCAO (Langues et Civilisations de l’Asie Orientale)
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Thèmes de recherche

Histoire contemporaine des migrations internationales chinoises (XVIIIe-XXe s.)
Histoire des migrations de travail en Asie et colonisations (XIXe-XXe s.)
Étude comparée de la reconceptualisation par les États de l’émigration et de l’expatriation
Histoire urbaine et immigration chinoise (XIXe-XXe s.)

Recherches actuelles

Mes recherches portent sur l’histoire des migrations chinoises internationales, en particulier dans le monde colonial, leurs liens avec la modernisation de la Chine au tournant du XIXe s., saisis plus spécialement dans les domaines de l’éducation et du travail. Durant la thèse de doctorat je me suis efforcé de répondre à une question : pourquoi (et comment) les émigrés chinois maintiennent des liens avec leur région de naissance ou d’origine ? La question a d’abord été formulée dans une perspective d’histoire générale. Elle a été travaillée sur le terrain des rapports de l’émigration avec l’éducation (chinoise et non-chinoise). Depuis 2011, Je m’intéresse à l’exportation de main d’œuvre chinoise à partir du début du XIXe s. - les « coolies » chinois -, ses modalités, ses différents acteurs et ses objectifs, en lien avec les enjeux de la modernisation chinoise. Il s’agit spécialement d’examiner l’organisation des migrations de travail (migration industry) en tant que champ autonome des processus migratoires. Appelée aussi « boîte noire » de la migration, une intermédiation complexe qui regroupe l’ensemble des institutions, des règles et des conventions et facilitent ou organisent ces mobilités, est l’objet de mes investigations historiques. Les éléments agissant sur la décision du « retour » (alterné ou définitif) et de l’investissement, qui m’occupent depuis la thèse, sont ainsi désormais recherchés aussi du côté de l’organisation et de la dynamique interne des migrations chinoises, et examinés à l’aide des outils et concepts de la sociologie économique.

Parcours de recherche

Président du Conseil des Formations, UFR Langues et Civilisation de l’Asie Orientale (LCAO), 2016-2019
Vice-Président de l’Université Paris -Diderot, en charge des formations et de la vie universitaire, 2012-2014
Président de la Commission Pédagogique du CEVU de l’Université Paris Diderot, 2012
Directeur de l’UFR Langues et Civilisations de l’Asie Orientale (LCAO), 2006-2010
Directeur du Laboratoire SEDET UMR 7135 CNRS/UPD, 2005-2007
Directeur du département d’Histoire de l’UFR GHSS, 2000-2002
Membre du Conseil du laboratoire SEDET, 2000-2010
Coordinateur de l’axe thématique n°3 Réseaux, territoires et mobilités, 2000-2007

Coordinateur principal (2021-2023), ANR Cooliebrokers : « L’intermédiation dans l’organisation du travail migrant au sein de l’empire colonial français d’Asie-Pacifique, du début du 19e au milieu du 20e siècle » réunissant huit partenaires : l’UMR IRD 245 CESSMA, l’UMR CNRS 7306 IRASIA, l’UMR CNRS 7308 CREDO, l’UMR CNRS 8043 IFRAE, l’EFEO (Centre d’Hanoi), les ANOM (Archives Nationale d’Outre-Mer, Aix), le SANC (Service des Archives de la Nouvelle Calédonie, Nouméa), et le Vietnam National Archives Centre n°1, Hanoï.
Coordinateur (2020-2022), (avec Emmanuel Poisson, IFRAE, co-porteur & Batik International : http://batik-international.org/), programme de recherche « Histoire(s), mémoires, représentations du travail asiatique, dans le 13e arrondissement de Paris », action de recherche participative en vue de collecter et interpréter les traces personnelles (matérielles et immatérielles) de l’expérience du travail des migrants asiatiques et de leurs descendants, dans la capitale et les territoires coloniaux et postcoloniaux qui lui étaient connectés, AMI « Sciences/recherche participative », IDEX, Université de Paris
Coordinateur, Action de recherche structurante (ARS) de l’Université Paris Diderot, sur le thème : « Les travailleurs migrants dans l’empire colonial français d’asie-pacifique et en metropole : sources et perspectives de recherche (XIXe-XXe siecles) », en partenariat l’UMR 7306 IrASIA, Marseille, les ANOM (Archives Nationale d’Outre-Mer), Aix, l’Université des sciences sociales et humaines (VNU), Hanoï, l’Ecole Française d’Extrême-Orient, Centre de Hanoi, et l’UMR IFRAE INALCO/UP7/CNRS, à partir de janvier 2019.
Co-responsable (avec Emmanuel Poisson, PR études vietnamiennes), programme de recherche « Travail, Mobilités et Culture au Vietnam, du début du XIXe s. à nos jours », co-financé par l’Ambassade de France au Viêt-Nam, coopération scientifique Hanoï, depuis mars 2018
Responsable de l’équipe de recherche, Limites floues, frontières vives : la Chine et les « Chinois d’outre-mer ». Dynamiques des relations entre un État et ses émigrés dans la production d’un espace migratoire transnational (de la fin du XIXe siècle à nos jours) au sein du programme « La production socio-politique du territoire dans les situations de ‘ non-centralité’ ». Contrat ACI-Espaces et Territoires-Ministère délégué à la recherche et aux nouvelles technologies, 2003-2007.
Responsable du programme de recherche « Circulations migratoires et développement au Sud », contrat Appel à Projet Nouveau (APN) n°12137 du CNRS/SEDET, 2000-2003
Membre du programme « Circulation migratoire chinoise en Europe », contrat du ministère de l’Emploi et de la Solidarité, DRESS/MiRe/Université Paris 7/SEDET. (Chef de projet, Nora Wang), de 1999 à 2001
Membre du programme « Politique d’équipement et services urbains dans les villes du Sud », contrat du ministère de l’Éducation/Université Paris 7/SEDET (Chef de projet : Catherine Coquery-Vidrovitch), plus particulièrement chargé de l’étude des villes portuaires de la Chine méridionale – province du Fujian, de 1999 à 2000

Enseignements

Séminaire M2 (Master LLC – études chinoises) : Histoire contemporaine des populations chinoises 2 autour du thème « coolies et taoke : l’organisation du travail dans la migration chinoise contemporaine (XIXe-XXe s.) », depuis 2014. Le séminaire, ouvert aux historiens et aux civilisationnistes, porte sur les "coolies" chinois dans l’organisation du travail au sein des empires coloniaux, du milieu du XIXe s. au milieu du XXe s. Il s’attache plus spécifiquement à examiner deux aspects : d’un côté, la place des travailleurs asiatiques, en particulier chinois, parmi les migrations de travail qui s’intensifient au XIXe s., l’insertion de ces "coolies" dans les formes d’organisation du travail et de la production qui succèdent à l’esclavage africain, en insistant sur l’action, souvent négligée, des institutions chinoises (notamment gouvernementales) à partir de 1860. D’un autre côté, le séminaire mettra en lumière les formes "autonomes" d’organisation du travail chinois dans les empires coloniaux qui se développent à l’initiative des "coolies" et de leurs employeurs chinois, les "taoke", à l’aide d’études de cas bien documentées, et en confrontant ces relations coolies/taoke à celles issues de l’engagement (indentured labor), souvent simultanément présentes sur les mêmes lieux de l’exploitation de cette main d’œuvre. L’objectif du séminaire est de concourir à préciser les formes du passage de l’esclavage au travail salarié durant la période coloniale, formes saisies au travers d’une main d’œuvre migrante. Les théories des migrations de travail seront mobilisées pour éclairer ces rapports entre coolies, taoke et colons aux XIXe-XXe s. dans les empires.

Séminaire M1 (Master LLC – études chinoises) : Histoire contemporaine des populations chinoises 1  : «  Chinois d’Outre-mer  » 华侨 : (ré) investir la «  sinité  », du mythe à la réalité (fin du XIXe siècle à nos jours). Ce séminaire se propose d’examiner l’évolution de la notion politique, culturelle et identitaire de «  huaqiao  » (Overseas Chinese ou Chinois d’Outre-mer). Formée à la fin de l’Empire, elle renvoie, de façon générale et approximative, à l’ensemble des «  Chinois  » vivant à l’étranger, avec l’objectif de les incorporer à la nation chinoise moderne en cours d’élaboration. La notion de «  huaqiao  » marquée par de constants changements et une grande hétérogénéité, génère des frictions à plusieurs niveaux  ; ces tensions entraînèrent des conflits, au sein de la communauté nationale chinoise, et parmi les émigrés chinois. Comme cela était prévisible, les huaqiao n’étaient pas simplement des Chinois qui vivaient à l’étranger attendant de voir leur conscience éveillée et dirigée par la «  mère-patrie  ». Bien au contraire, les huaqiao se comportèrent souvent comme des éléments indisciplinés et agités, comprenant, par exemple, des intellectuels aux idées cosmopolites sur la nation et la culture, forgées par l’expérience unique des environnements coloniaux et occidentaux des années 1920 et 1930. Ces différentes communautés chinoises, parfois transnationales, semblent alors menacer l’ordre politique intérieur de la Chine  ; les «  retours  » se révèlent très critiques à l’égard des politiques chinoises, celles de la République de Chine, puis celles aussi de la RPC. Remise en cause, déclarée obsolète (en Chine comme ailleurs) au cours des années 1960, la notion de huaqiao apparaît cependant toujours vivante, réanimée par l’émergence récente de la RPC et le déploiement d’une politique culturelle internationale.

CM L2, licence LLCE (Chinois) : « Introduction à l’histoire de la diaspora chinoise (XVe-XXe s.) », Présentation chronologique de la formation, de l’évolution et des aspects contemporains des migrations internationales chinoises. Sont plus particulièrement abordés : les liens entre le commerce international, la piraterie et l’émigration à partir du XVIe s. ; l’impact de la colonisation et de l’expansion européenne sur les migrations chinoises (XVIe - XIXe s.) ; l’émigration dans les relations et traités internationaux signés par la Chine aux XIXe et XXe s ; les migrations internationales dans leur rapport avec le développement économique, mais aussi politique et culturel de la Chine au XXe s

Sélection bibliographique

  • Ouvrages et coordination d’ouvrages

Les migrations impériales au Vietnam. Travail et colonisations dans l’Asie-Pacifique français, du début du XIXe au milieu du XXe siècle, (avec Andrew Hardy, Nguyen Phuong Ngoc et Emmanuel Poisson), Paris, Maisonneuve & Larose Nouvelles Editions, Hémisphères Editions, coll. Asie en perspective, 2020.
Le travail colonial. Engagés et autres mains d’œuvre migrantes dans les empires, 1850­-1950, (avec Issiaka Mandé, UQAM), Paris, Riveneuve, 2016.
Émigration et éducation. Les écoles chinoises à Singapour (1819-1919), Les Indes Savantes, Paris, 2011
Migrations internationales, mobilités et développement, direction et coordination, Paris, L’Harmattan, 2005
Chen Jiageng (1874-1961) et l’éducation. Stratégies d’un émigré pour la modernisation de l’éducation en Chine, 1913-1938, Paris, L’Harmattan, 2003.
« Migrations et mobilités au Sud », coordination dossier pour la revue Migrations-Société, Paris, vol.XV, n°90, nov.-déc.2003
« La Chine et ses émigrés, 1949-1999 », codirection du dossier, Approches Asie, 18, 2000.

  • Articles et chapitres d’ouvrages

« Francis Vetch, Paul Claudel et la main d’œuvre du Fujian en Indochine (1902-1907) », in, Les migrations impériales au Vietnam. Travail et colonisations dans l’Asie-Pacifique français, du début du XIXe au milieu du XXe siècle), Paris, Maisonneuve & Larose Nouvelles Editions, Hémisphères Editions, coll. Asie en perspective, 2020, pp.221-260.
« Concessionnaires et sous-traitants : les intermédiaires chinois dans l’organisation du travail immigré en Malaisie, du début du XVIIIe au début du XXe siècle », Revue de Synthèse, t.140, 7e série, n°1-2, 2019, pp.65-105.
« Travail colonial, coolies et diplomatie : réclamations chinoises autour du contrat d’engagement à Cuba au XIXe siècle », in, Guerassimoff, E. & Mandé, I. (dirs), Le travail colonial. Engagés et autres mains d’œuvre migrantes dans les empires, 1850­-1950, Riveneuve, 2016, pp.413-457.
(avec Issiaka Mandé) « Les engagés, les migrations de travail et les sociétés coloniales », in, Guerassimoff, E. & Mandé, I. (dirs), Le travail colonial. Engagés et autres mains d’œuvre migrantes dans les empires, 1850­1950, Riveneuve, 2016, pp.11-26
(traduction) Beatriz Gallotti Mamigonian, « Au nom de la liberté : l’abolition du commerce des esclaves et la politique britannique d’ « émigration » africaine (Brésil-Indes occidentales anglaises, années 1830-années 1850), in, Guerassimoff, E. & Mandé, I. (dir.), Le travail colonial. Engagés et autres mains d’œuvre migrantes dans les empires, 1850-­1950, Riveneuve éditions, 2016, pp 57-91.(traduit de l’anglais)
« Les coolies et la protection de l’Empire : le rejet du traité d’émigration sino-américain Bayard/Zhang », in, Alain Forest & Samuel F. Sanchez (dir.), Territoires en situations subalternes. Études de cas dans les sociétés du Sud, Les Indes savantes, 2016, 516 p., pp.353-392.
« Les coolies et le rejet de la protection de l’Empire », in La production sociopolitique du territoire dans les situations de ‘non-centralité’. Études de cas dans les sociétés du Sud. Approches historiques et anthropologiques, rapport final, contrat ACI, Laboratoire SEDET UMR7135, juin 2008, 571p., pp.398-440.
(avec Carine Pina-Guerassimoff), « The ‘Overseas Chinese’ : State and emigration in China from the 1890’s through the 1990’s », Chap.12 in, Green, N. & Weil, F. (eds), Citizenship and those who leave : The politics of emigration and expatriation, University of Illinois Press, Urbana, IL, 2007, 318p., pp.245-264
« Des coolies aux Chinois d’outre-mer : la question des migrations dans les relations sino-américaines (années 1850-1890), Annales, Histoire, Sciences Sociales, n°1, 2006, pp.63-98.
(avec Carine Pina-Guerassimoff), « Les Chinois d’Outre-mer, des années 1890 aux années 1990 », chapitre 6, in, Green, N. & Weil, F. (dirs), Citoyenneté et émigration : Les politiques du départ, Éditions de l’EHESS, Paris, 2006, pp.137-156.
« Émigration, entreprises et écoles : la création de l’Université de Xiamen (1921) et les élites chinoises dans la mondialisation durant la première moitié du XXe siècle », Entreprise et histoire, n°41, 2005, pp.114-119.
« Premiers investissements des émigrés dans les transports routiers au Fujian (Chine), 1919-1938 », in, Migrations internationales, mobilités et développement, L’Harmattan, Paris, 2004, pp.223-257.
« Infrastructures et politique à Xiamen (Amoy) : la mise en place d’un réseau d’adduction d’eau et de l’électricité dans un port « ouvert » chinois, 1913-1933 », in, Chanson-Jabeur, C. et alii (éds.) Politique d’équipement et services urbains dans les villes du Sud, L’Harmattan, Paris, 2004, pp.403-427.
(avec Carine Pina-Guerassimoff), « Dynamiques des réseaux chinois en Asie du Sud-Est » in, Taillard Christian, (dir.), Nouvelles organisations régionales en Asie orientale, volume 2 - Intégrations régionales , Les Indes Savantes, Paris, 2004, pp.79-100.
(avec Carine Pina-Guerassimoff), « La France, carrefour européen de la nouvelle migration chinoise », Migrations & Société, vol.XV, n°89, sept.-oct. 2003, pp.105-119.
(traduction) Li, Minghuan, « Pour que nos rêves deviennent réalité : les nouveaux immigrés chinois aux Pays-Bas », Migrations & Société, vol.XV, n°89, sept.-oct. 2003, pp. 29-46.
(traduction) Moore-Mazlikova, Marketa, « Les migrants chinois en Europe centrale et orientale : le cas de la République tchèque, de la Pologne et de la Slovaquie », Migrations & Société, vol.XV, n°89, sept.-oct. 2003, pp. 181-200.
« Migrations, éducation et transaction : les écoles chinoises à Singapour et en Malaisie au début du XXe s. », Migrations & Société, vol.XV, n°90, nov.-déc. 2003, pp.113-130.
« Les populations chinoises hors de Chine », in, La mondialisation et la Chine, Fondation Singer-polignac, Paris, 2002, 156 p., pp. 47-60.
« Tan Kah Kee et le Guomindang (1910-1940). Aux origines du ralliement à la RPC », Approches Asie, n°17, 2000, pp.9-46.
« Les gangzhu du Johor. Souvenirs d’un missionnaire français en Malaisie (1851-1870) », Études chinoises, vol.XVI, n°1, printemps 1997, pp.101-140.
« Lim Boon Keng (1869-1956), président de l’Université de Xiamen », Approches-Asie, n°14, 1997, pp.129-164.

Rapports et thèse

Les dynamiques migratoires chinoises. Propositions pour un renouvellement des approches historiques, dossier présenté pour l’Habilitation à diriger les recherches en lettres et sciences humaines, Université Denis Diderot - Paris 7, 2003, 110 p. + 2 vol., pag. n.c. (ca.1100 p.)
(avec Nora Wang & Carine Pina-Guerassimoff), La circulation des nouveaux migrants économiques chinois en France et en Europe, rapport de fin de contrat, Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, Convention n°22/99 MiRe/SEDET, mars 2002, 130 p.
Les racines de l’œuvre éducative de Chen Jiageng. Les Chinois d’Outre-mer et le développement de l’enseignement en Chine au début du XXe siècle, thèse pour le doctorat d’histoire (nouveau régime), Université Paris 8, 1997, 3 tomes, 1076 p.