AHMAD Nazir Morcid

Histoire de l’Afrique
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Sujet de Thèse

La revendication par Madagascar des îles Éparses de l’Océan Indien :
Conflit territorial et pauvreté

Directeur : Didier NATIVEL (CESSMA - Université Paris 7 Diderot)

Axe thématique n°1 : « S’approprier, contester, lutter : spatialité, domination, violence » du laboratoire.

Résumé de thèse

Les îles éparses sont, actuellement, sous le contrôle de l’administration française, depuis l’annexion de Madagascar en 1896. Cependant, après l’indépendance de la Grande Île en 1960, la France a conservé la possession de ces îles qui constituent aujourd’hui une partie des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises).Aujourd’hui, ces dernières sont au cœur de tensions entre les deux pays. Madagascar revendique en effet sa souveraineté sur ces territoires qui disposent à la fois d’importante ZEE (zone économique exclusive), des ressources multiples (halieutiques voire des hydrocarbures), et possèdent une position géostratégique non négligeable. Ce n’est cependant pas à l’indépendance même mais quelques années après le renversement du président Tsiranana (au pouvoir de 1960 à 1972) proche de la France, que Madagascar s’est tournée vers l’ONU.

Nous souhaitons insister moins sur les dimensions purement juridiques du sujet que sur son versant politique profond. Qu’est-ce que cette question nous apprend sur l’imaginaire politique malgache et sa capacité à construire un projet national dans un cadre très contraint ? Il faut d’abord revenir sur la question du déséquilibre évident des forces en présence. La France est la cinquième puissance militaire de la planète alors que Madagascar se trouve au 115e rang mondial. D’autre part, Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde encore très liée économiquement et militairement à la France. Comment donc expliquer la résurgence d’une revendication associée à la IIe République (1975-1992), d’orientation socialiste et en rupture avec la France ? Qui sont les acteurs politiques malgaches qui donnent voix à cette affirmation nationaliste ? Quels échos trouvent-ils d’une part dans la population et d’autre part ailleurs dans l’océan Indien (aux Comores et à Maurice) ? Il faut rappeler que d’autres pays comme les Comores et l’île Maurice se trouvent dans la même situation que Madagascar en ce qui concerne leurs revendications territoriales vis-à-vis de la France. Les Comores, non seulement elles contestent la souveraineté de la France sur Mayotte, mais aussi elles considèrent que l’archipel des Glorieuses fait partie intégrante de son territoire. Même chose pour l’île Maurice, parce qu’elle revendique Tromelin à la France. En d’autres termes, quels sont les fondements d’une géopolitique du pauvre dans un contexte de redéfinition d’un projet national mis à mal par 50 ans de crises successives ?