Réserves minières et réserves de change

Coordination du séminaire :

  • Michèle Leclerc-Olive, chargée de recherche CNRS, IRIS/EHESS
  • Kako Nubukpo, enseignant-chercheur à l’Université de Lomé
  • Boris Samuel, chargé de recherche IRD, Université Paris Diderot, CESSMA
  • Bruno Théret, Directeur de recherche émérite CNRS, Université Paris Dauphine, IRISSO

Présentation

Les pays africains de la zone franc dont le sous-sol est riche en minerais précieux (en or notamment) semblent être pris en tenaille entre d’un côté l’obligation de déposer à la Banque de France la moitié de leurs réserves de change, et de l’autre l’impossibilité dans le contexte actuel de constituer des réserves d’or pour leur propre compte.
Le séminaire entend documenter cet apparent paradoxe qui repose davantage sur des choix politiques que sur des contraintes naturelles.
Les travaux ne manquent pas qui analysent cet aspect des politiques néolibérales consistant à faire de l’or une simple matière première (en 1971 Nixon suspend la parité or-dollar lui enlevant pour la première fois rôle monétaire de l’or initié il y a plusieurs milliers d’années) et à exiger des pays riches en ressources de libéraliser leur code minier afin d’attirer sur leur territoire les industries étrangères du secteur extractif.
Les travaux ne manquent pas non plus qui documentent la nécessité d’un débat sur la zone franc et ses répercussions sur les économies nationales et sous-continentales (Nubukpo et all., 2016). Kako Nubukpo, l’un des auteurs de Sortir l’Afrique de la servitude monétaire, « réclame qu’on ne déconnecte pas le débat monétaire du débat sur l’émergence ». Et on a le sentiment que l’émergence économique des pays africains n’est guère envisageable dans ce contexte de prédation des richesses minières et foncières (Leclerc-Olive, 2017).
L’objectif de ce séminaire, qui se tient pour la deuxième année consécutive, est de rapprocher ces deux corpus de recherche pour penser les liens entre ces deux phénomènes. Il s’agit d’analyser les pratiques, de clarifier les enjeux et, surtout, de resituer ces politiques dans le contexte d’interdépendance étroite entre les économies du Nord et du Sud (Mbembe, 2013, 2016).

Les séances auront lieu le mardi de 17 h à 20 h à l’EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris